vendredi 22 octobre 2010

Poême


"Si je suis enfant, échappé du carnage nocturne,
retenu par un fil d'amour, lancé je ne sais d'où ;
Si je suis enfant tombé du nid, abandonné par père et mère envolés
ou mortellement blessés aux barreaux de leur cage ;
Si je suis enfant nu, sans vêtement d'amour, ou vêtements empruntés,
mais ayant droit de vivre, puisque je suis vivant.

Et si au même moment des amants pleurent, devant leur berceau vide,
se consumant du désir de choyer un enfant ;
S'ils sont riches d'amour qu'ils jugent inemployé,
et qu'ils veulent, gratuitement, le donner,
pour que pousse et fleurisse ce qu'ils n'ont pas planté,
Alors, je veux bien qu'ils viennent, silencieusement me demander
si je désire les adopter, pour mes parents de cœur.

Mais je ne veux pas d'obsédé de l'enfant, tels des collectionneurs d'objet d'art,
recherchant fiévreusement la pièce rare, manquant à leur vitrine.
Je ne veux pas de clients qui ont passé commande,
et réglant la facture viennent réclamer leur bébé préfabriqué.
Car je ne suis pas fait pour sauver des parents, aux membres amputés.
Mais eux ont été faits, mystérieux cheminement,
magnifique projet, pour sauver des enfants au cœur malade,
peut-être même condamné……
Et nous nous apprivoiserons…

Je boirai un lait dont j'ignorais le goût,
J'écouterai des musiques inconnues, apprendrai de nouvelles chansons,
Sur vos doigts, sur vos lèvres, parents adoptés,
je déchiffrerai lentement l'alphabet de tendresse,

Et l'amour inconnu, pour moi prendra visage, à la lumière de vos yeux.
Vous grefferez vos vies sur ma pousse sauvage,
et grâce à vous je renaîtrai pour la seconde fois.
Je serai alors riche de quatre parents,
Deux seront de ma chair, et deux seront pour mon cœur et ma chair grandie.

Vous ne jugerez pas mes géniteurs,
inconnus vous les remercierez,
et vous m'aiderez à les respecter,
Car il me faudra parvenir, je le sais, à les aimer dans l'ombre,
si je veux pouvoir, un jour, m'aimer dans la lumière.

Et si un soir d'orage, adolescent fougueux, empêtré de moi-même,
je vous reproche durement de m'avoir accueilli,
Ne soyez pas peinés, aimez-moi davantage,
Car vous le savez, pour qu'une greffe prenne, il faut une blessure,
et la blessure fermée, demeure la cicatrice…

Mais je rêve…
Je rêve, car je ne suis qu'un enfant en voyage, loin de la terre ferme.
Ma parole est muette et mon chant sans musique.
Ce que je vous dis tout bas, je ne pourrai le dire haut,
que le jour où m'ayant vous-même adopté
vous aurez mis en mon cœur assez d'amour et d'authentique liberté,
sur mes lèvres suffisamment de mots,
pour que je puisse dire : papa, maman, je vous choisis et vous adopte.
Alors, vous saurez que votre amour est don, et qu'il est réussi."

Michel Quoist.

4 commentaires:

Pétula a dit…

whaow!!

Nat a dit…

tout simplement magnifique,
merci
Nat

Patricia & Yan a dit…

C'est vraiment une perle de poème... Merci d'avoir partagé!!

J'ai très hâte de voir la photo de votre famille réunis!!!

Patriciaxx

laetitia et alexandre a dit…

Très joli ....

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