Comme je l'ai évoqué, l'année a passé si vite que j'en suis encore étourdie.
Elle a été et malheureusement l'est encore, pénible, douloureuse, malheureuse une année 2014 à l'image de la fin d'année 2013 qui s'école rapidement.
Rares ont été les moments de rire et de bonheur cette année, nous nous sommes accrochés comme à des bouées aux instants légers, nous avons eu du mal à fêter, Pâques ne ressemblait pas à Noël comme les autres années, nous avons soufflé rapidement sur les bougies d'anniversaire, certains ont même décidé de ne plus répondre aux messages les invitant comme tous les ans à venir voir leurs petits enfants danser ou exposer.
Et malgré tout cela, nos deux enfants cette année nous auront porté. C'est incroyable l'énergie que nous communique nos enfants, ils nous aident à tenir, nous dépasser, lutter et gagner. Nous gagnons quelques batailles, une autre bien difficile à nouveau vient d'arriver et je suis persuadée que nous la gagnerons aussi, on a de l'entrainement finalement.
Non seulement ils sont restés joyeux (malgré quelques petites angoisses) mais ils ont été brillants à l'école.
Dhéjy continue de suivre sa scolarité sans trop de problème. L'apprentissage du français reste sa principale difficulté mais il n'est pas moins bon qu'un autre enfant né en France et surtout il est si volontaire. Il continue son orthophonie et ses notes sont équilibrées puisqu'il est performant dans d'autres matières, il ne sera pas un grand littéraire mais plutôt un grand dessinateur, il aime son don et cela lui permet de se valoriser.
Alicya a fait une excellente année de seconde, elle m'épate toujours autant ma fille. Malgré son soucis de manque de confiance, sa presque phobie scolaire elle s'est encore dépassée et a terminé son année au maximum comme tout le temps, elle ne lâche jamais rien, apprend jusqu'au dernier jour, sa dernière note de l'année 29,75/30, pas mal non ? Elle est admise en première scientifique sans aucun soucis et elle continue de penser à son avenir en s'ouvrant de nouveaux horizons, les soins, la recherche ou la danse.
Alors, nous leurs parents, sommes si fières d'eux que nous allons donner notre maximum pour régler tous les soucis, les protéger au maximum et même si on doit tout reprendre à zéro on le fera, on les prépare déjà à peut être se séparer d'une maison devenue trop coûteuse en leur expliquant que le principal c'est que l'on reste tous les 4 et qu'à 4 nous sommes les plus forts du monde.
Bravo mes enfants, je vous aime et vous me le rendez bien.
Nous ne t'attendons plus, tu es maintenant là avec nous, pour la vie. Il faut toujours aller au bout de ses rêves.
mercredi 4 juin 2014
mardi 29 avril 2014
DIEU
Ce soir là était un soir comme les autres, l'école avait repris, le goûter pour lui était terminé et on faisait déjà les conjugaisons des verbes du deuxième groupe et la grande était rentrée du lycée et commençait à raconter sa journée.
Puis, elle dit, "tu es au courant que la maman de Thomas est décédée" ?
Mon coeur s'est mit à battre plus fort, Guilène qui avait été des années mon binôme dans les conseils de classe du collège et qui avait lutté deux fois contre un cancer n'avait pas gagné la bataille. La tristesse forcément s'est vue sur mon visage, j'étais triste pour elle et pour ses enfants, cette maman était bien trop jeune pour les laisser.
Puis la soirée s'est déroulée normalement, il est allé jouer chez son cousin, elle a fait son sport et son travail scolaire et moi j'ai préparé un bon petit plat pour mes amours, j'avais envie de cuisiner pour palier à toutes les fois ou l'envie n'était pas là.
L'homme est rentré, de bonne humeur, envie de parler avec moi, ça faisait longtemps que nous n'échangions plus trop, les difficultés des derniers mois nous ont un peu éloignées.
Après le repas, il est allé câliner son papa, s'est blotti dans ses bras et une fois de plus tant d'amour à fait surgir des larmes.
Il s'est alors approché de moi, il avait besoin de vider son sac beaucoup trop lourd pour ses épaules.
"Maman, je suis fâché avec Dieu, tous les soirs je prie dans mon lit mais à la fin je lui dit "Pas Amen" au lieu de "Amen"."
Je l'ai rassuré, je lui ai expliqué que l'on avait le droit d'être fâché avec Dieu, qu'il pouvait tout entendre les bonnes comme les mauvaises choses.
"Oui mais je ne veux plus croire en lui".
Je lui ai répondu que son papa ne croyait plus en Dieu non plus et que ça ne l'empêchait pas d'être une bonne personne.
Mais plus je parlais et plus il pleurait, des sanglots très fort, une tristesse infinie.
Il m'a alors dit, "mais j'ai peur que tu meures parce que je ne suis pas gentil avec Dieu".
Je l'ai rassuré en lui disant que si je devais mourir il n'en était en rien responsable qu'il prie ou pas, qu'il soit fâché ou pas après Dieu. Que malheureusement dans la vie les gens meurent mais que c'est de la faute de personne". Il m'a alors dit "si, c'est la faute de Dieu".
J'ai tenté de le rassurer, de trouver les mots, de le rassurer sur la mort, ma mort que je ne souhaitais pas tout de suite mais quand je serai très vieille comme sa mémé et je lui ai donc proposé que tous les soir, on fasse la prière tous les deux à haute voix pour le rassurer et qu'à la fin nous n'étions pas obligé de dire Amen mais autre chose, soit bonne nuit, ou merci ou à demain.
Il a fini par se calmer et au moment du coucher, nous avons prié à trois avec sa soeur qui est restée allongée près de lui. Il a voulu dire à Dieu qu'à partir de maintenant il essaierait de ne plus être fâché. Sa nuit a été paisible et du coup la petite souris qui avait oublié de passer les deux derniers jours à mis des intérêts de retards ce qui l'a rendu fou de joie le matin.
Forcément, mon coeur de maman a été ravagé par sa détresse. J'ai essayé de protéger mes enfants de mon chagrin durant ces derniers mois, nous parlions de leur grand père, mais il m'a été difficile de cacher ma tristesse lorsque je pensais qu'il ne vivrait pas.
Il m'a dit qu'il faisait des prières depuis que son papi était à l'hôpital et qu'il me voyait malheureuse et il disait à Dieu qu'il était fâché après lui de faire ça à son papi et sa maman. Mais surtout, il m'a dit qu'il ne supporterait pas de me perdre, j'ai senti dans sa tristesse une douleur immense, un équilibre encore fragile finalement.
J'avais reculé l'entrée au catéchisme d'un an afin de lui permettre de ne pas cumuler les activités, mais il m'a demandé qu'à la rentrée prochaine il voulait comprendre Dieu et faire son catéchisme. Je pense que nous irons parler à la catéchèse et au prêtre afin qu'il puisse être en paix avec ses prières des mois passés.
Je commence tout juste à trouver la paix avec tout ce qui s'est passé ces derniers mois, je reconnais que ma douleur était si grande que je suis passée à côté de l'accompagnement de mes enfants, avec ma douleur je les ai indéniablement renvoyé à leur douleur future s'il m'arrivait malheur.
Aujourd'hui, je pense que nous devrons parler tous ensemble des derniers mois et surtout avec lui, parce qu'il aura toujours en lui ce sentiment d'insécurité et d'abandon, cette cicatrice est malheureusement toujours fragile et prête à s'ouvrir.
lundi 24 mars 2014
20 ans
Il y a 20 ans, j'avais 25 ans ils avaient 27 et 50.
Il y a 20 ans, tous les trois avons été licencié au même moment.
Il y a 20, nous deux étions insouciants et sans peur, lui voulait finir en beauté une carrière commencée à 14 ans et nous, nous voulions la lancer avec lui.
Il y a 20, nous nous sommes unis, et avons créé notre société, nous sommes partis avec presque rien mais plus qu'aujourd'hui.
Durant 20 ans, nous avons eu un démarrage fulgurant, nous nous sommes serrés la ceinture quelques mois mais à 25 et 27 ans ces quelques mois ne représentaient presque rien.
Durant 20 ans, nous avons eu 15 ans de lune de miel, de l'argent, ce qu'il fallait mais pas trop, de quoi gâter tout le monde, d'aider, d'offrir, de partir, de bâtir, de fêter, d'imaginer, sans jamais oublier d'où l'on venait.
Durant 20 ans 45 personnes sont venus travailler quelques mois ou quelques années, nous avons vu des bébés arriver et grandir, des divorces mal se terminer, des épouses à consoler, des pensions à payer, nous avons ramassé quelques personnes qui avaient chuté, nous avons offert un toit quand il en manquait, des repas quand ils avaient faim, la possibilité de revenir après une peine purgée, payé des pensions, des impôts, des PV, fait des prêts quand il le fallait, nous avons été nous mêmes, justes, honnêtes, peu être un peu trop. Nous avons rit et pleuré, nous avons marié et enterré.
Durant 20 ans, la crise s'est installée, la trésorerie à filée, les salariés ont démissionné, il a fallu me licencier, au bout de 20 ans sur les 3 il n'en reste qu'un, il et elle sont partis, l'un pour une retraite bien méritée, l'autre à la recherche d'une autre carrière qu'elle aimerait bien mener.
Au bout de 20 ans il ne reste presque plus rien, il reste lui, qui y croit encore un tout petit peu mais qui devra prochainement écrire le mot fin.
jeudi 20 mars 2014
Voyage dans le temps
Pour revenir à plus de légèreté mon fils hier m'a posé une question :
"Maman, si tu pouvais voyager dans le temps, tu choisirais de retourner ou ?"
Oh la la, mais qu'elle question ! Je n'ai jamais été passionnée par l'histoire de France, seules les histoires drôles me plaisent et comme mon père me disait toujours, on ne bâtit pas son avenir sur des regrets, pas de possibilité de retour arrière. Mais le p'tit truc ne lâche jamais rien, il me dit "vas-y maman, tu dois choisir un moment".
Je lui ai donc répondu, si je devais aller en arrière, je voudrais être sur les marches du commissariat ou tu as été laissé et dire à la personne qui t'a abandonnée de ne pas le faire que je peux peut être l'aider.
Il me répond "oh non maman, ça voudrait dire que tu ne serais pas ma maman" oui c'est bien ça, je lui explique que je serais prête à ne pas être sa maman. Il me regarde et me dit "ça ne me plaît pas du tout, dis lui autre choses parce que je t'aime trop et j'aime être ton fils".
Je lui dis alors, que je demanderai à cette personne de lui laisser une photo de sa famille, son nom sa date de naissance et une explication afin qu'il se construise sur une histoire et surtout je lui dirais, ne vous inquiétez pas, je l'aimerai plus que tout et il sera heureux"
Il me regarde et me dit "Ah ça c'est super, c'est même parfait maman et comme toi tu as fait ça moi du coup maintenant je peux aller voir comment c'était au moyen âge, ça me plairait trop"...
Je me demande si avant d'aller au moyen âge, il n'avait pas envie de la même chose que moi.
lundi 17 mars 2014
Déménagement
J'avais écrit ce texte il y a deux ans le soir de la remise des clés à un jeune coupe qui allait construire sa nouvelle vie dans leur ancienne maison. Mes parents étaient chez moi et dormaient dans la pièce d'à côté. Je voulais laisser une trace de la vie que nous avions eu tous les 4.
Ce soir une maison est vide, les meubles attendent tranquillement dans un camion et les occupants ont fermé la porte sur 31 années de vie.
Cette maison, c'est celle qui est venue tenir compagnie à celle du bout du chemin, elle a été imaginée et dessinée avec de la réflexion, ils avaient même pensé y finir leur vie, mais la vie réserve parfois des surprises qui font changer les plans élaborés 30 ans auparavant.
Dans cette maison 31 années de bonheur se sont déroulées. Elle les aura fait suer, jardiner, terrasser, décorer.
Elle aura servi de modèle pour un catalogue de papier peint, elle y aura entendu des rires de petites filles et des cris d'adolescentes. Elle aura abrité des amours, des amitiés, des pleurs. Ses murs, plafonds ou portes auront même parfois soufferts de quelques coups ou jets d'objets.
Cette maison avait toujours la porte d'entrée ouverte, jamais une clé n'est venue verrouiller la serrure afin que les amis ou la familles puissent ouvrir à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
Elle aura accueilli des fêtes, des anniversaires, des motos ayant besoin de révision. Son barbecue aura servi un nombre incalculable de fois et les plus grands plateaux de fruits de mer auront été servis.
Une future mariée s'y est préparée dans la chambre de ses parents, la plus grande, avec un grand miroir.
Une jeune maman son bébé et son mari y auront trouvé refuge pendant 9 mois en attendant que leur maison à eux se construise.
D'autres petites filles auront joué avec les anciennes poupées et barbies de leurs mamans. Des petits garçons aussi ont appris à jouer aux dames avec papi.
Difficile de la quitter ? Probablement, surement même.
Aujourd'hui ils attendent de pouvoir rentrer dans la nouvelle et déjà ce soir ils parlaient de ce qu'ils allaient y faire dedans.
Ils se sont rapprochés de leurs filles comme eux l'avaient fait auparavant en se rapprochant d'une maman.
J'aime à dire que nous sommes tricotés serrés et que ce qui compte c'est que nous ne soyons pas trop éloignés les uns des autres.
Nous avons été heureux dans cette maison, mais le bonheur s'emporte partout.
L'essentiel c'est que malgré toutes ces années, l'amour que l'on se porte soit toujours aussi fort et que l'on ne puisse imaginer vivre sans cet amour.
Une nouvelle vie va s'écrire dans la maison de l'impasse des Jonquilles, des petits enfants viendront y jouer avec le futur billard ou baby foot que papi a promis, y déjeuner. Des filles viendront plus souvent pour boire un petit café, discuter au coin d'une table avec une maman qui fermera la porte pour ne pas qu'il entende. Des gendres viendront y aider pour bricoler et apporter des conseils qu'il n'écoutera probablement pas.
A nouveau cette maison va être décorée, on va y jardiner et des fêtes vont y être données pour les voisins que l'on a quitté. Elle abritera des confidences d'adolescentes et des jeux de petits garçons mais surtout elle y abritera deux parents extraordinaires que la vie a un peu fragilisés.
vendredi 14 mars 2014
Seule sur la route
Le printemps arrive déjà, le soleil commence à chauffer, les jonquilles sont de sortie et déjà on pense à remiser les manteaux dans les armoires pour sortir les gilets.
Le temps passe, indubitablement et j'ai l'impression qu'il file sans moi, que je reste sur le chemin, je vois tout le monde avancer, passer devant moi s'éloigner et moi j'ai le sentiment de rester, comme figée par le temps.
De nombreux mois viennent de s'écouler, les larmes ont abîmées mes yeux, grisées ma peau, creusées mes rides, enlevées mon sourire.
J'ai essayé de mettre mon cerveau sur pause, mais un vilain acouphène vient de s'installer depuis des semaines, alors quand j'essaie de trouver le calme, les sifflements envahissent ma tête.
Il faut apprendre à faire le deuil, mais comment faire le deuil d'une personne vivante ? Il est là, il me voit, m'entend, ressent, souffre de ressentir, mais ne veut plus sortir de sa bulle dans laquelle il s'est enfermé depuis de longs mois. Parfois, j'ai le sentiment d'être au milieu de l'océan, je veux survivre mais à chaque fois que je sors la tête de l'eau une vague revient et me renvoie dans le fond.
Je sais que j'ai de la résistance, mais pour combien de temps ?
Combien de temps il va me falloir pour ne plus te regarder sans pleurer, ne pas avoir peur de passer du temps à tes côtés, accepter l'inacceptable et arriver à regretter que ce jour là n'était pas ton jour.
J'étais prête à la dégradation, j'étais prête à la perte d'autonomie, j'étais prête à accepter, j'étais prête à ta mort mais je n'étais pas prête au suicide.
Ce vilain mot, celui qui fait comprendre que stop, c'est terminé, je ne peux plus et ne veux plus continuer. Ma vie doit s'arrêter je n'ai plus d'armes pour combattre cette maladie. Nous n'avons pas eu besoin de te dire qu'il n'y avait plus d'espoir thérapeutique, ton cerveau rend malade ton corps mais il te laisse encore parfois la capacité de comprendre, de raisonner et d'envisager.
Je pensais être la plus forte des 3 mais finalement je suis probablement la plus faible. Je n'ai jamais été dans le déni mais aujourd'hui je suis dans la souffrance. Je n'accepte pas ta chute brutale, provoquée. Je déteste le fait de ne pas pouvoir t'en parler, je déteste l'état dans lequel tu t'es plongé et se sentiment que je t'en veux, un tout petit peu.
Je ne suis pas contre ceux qui se suicident, mais après pour ceux qui restent, il reste une souffrance tellement grande. Je comprends et j'accepte son geste, il me renvoie juste à ma propre vie, mon propre avenir, je me dis que si il a eu le courage de le faire alors moi aussi, si un jour je me trouve sans force et sans envie de continuer je le ferai et je ferai souffrir ceux qui m'aiment. Je déteste cette violence, cette acte soudain.
En ce moment en France, il y a un grand débat pour l'euthanasie assistée. Je pense qu'il faut vraiment ouvrir notre esprit à cet acte, ça ne rend pas la disparition d'une personne aimée moins douloureuse, mais ça prépare l'entourage à une disparition moins violente, moins choquante et surtout cela évite les actes manqués et les cicatrices ouvertes dans le coeur.