1 mois

Cela fait maintenant un mois que nous sommes avec toi, que nous sommes devenus une famille de 4. Il est temps pour moi de mettre par écrit certaines choses, avant qu'elles ne s'effacent si elles peuvent s'effacer.

Nous sommes partis de France le 13 novembre, le jour anniversaire du décès de ton grand père, le papa de ton papa. Je me sentais protégée et donc pas de stress. Nous sommes arrivés dans ton pays le 14 novembre, bien fatigués à cause du décalage horaire.

Nous avons pris possession de notre hôtel, accompagnés par Nanette, Dominique est venu souper avec nous et direction le dodo, ou bien entendu nous nous sommes très vite endormis mais aussi trop vite réveillés.

Nous avions rendez-vous le lundi 15 au matin à 11h avec Nanette pour aller réserver ton billet d'avion retour. Nous avons déjeuné mc do dans la voiture, je me suis arrosée au coca et avons pris la direction de l'Icab ou nous attendait Miss A, ensuite la Norfill pour finalement partir sur Quezon, la ville de ta famille d'accueil.

Nous avons roulé longtemps, il faisait très chaud et nous ne pouvions pas trop brancher la climatisation sinon la camionnette donnait des signes de faiblesse.

Nous avons quitté Manille, et avons traversé des villages, en fait je ne sais pas trop mais c'était vraiment très pauvre, plus nous avancions plus nous trouvions qu'il y avait de plus en plus de misère, nous ne sommes pas habitués à ça et ton papa disait tout le temps, on a de la chance quand même, on a de la chance. Il l'a dit des dizaines de fois.

Nous nous sommes arrêtés et nous avons compris que nous étions arrivés, mon coeur battait tellement fort. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser mon mari et ma fille que je voyais une petite forme blanche au bout d'une allée. Je ne t'ai pas reconnu mais c'était toi, Nanette me l'a dit.

Ensuite je pense que tu es rentré dans ta maison, tu devais avoir peur. Nous avons descendu l'allée, mon cerveau n'arrivait pas à capter les informations, j'étais tellement angoissée.

Nous sommes entrés dans une petite maison avec un petit chien blanc. Tu étais assis, tout timide sur la banquette, nous sommes allés tout doucement vers toi et tu as dis maman Chrystel, papa Eric, Até Alicya. Tu connaissais bien ta leçon. Ensuite nous nous sommes présentés à ta famille, Nanay Liza, Tatay Raymond, Até Incaï qui était enceinte et Até Mona.

J'ai sentit que je te faisais peur, que je ne te plaisais pas. Beaucoup de monde parlait en Tagalog et en Anglais, il fallait que je me concentre beaucoup. Miss A de l'ICAB a feuilleté avec nous l'album photos que nous t'avions envoyé et tu n'étais pas content de ne pas y voir ta chambre. Nanette t'a expliqué que tu en avais une jolie et qu'elle avait vu les photos. Tu a dis que tu voulais partir avec nous le jour même à condition de dormir avec ta soeur.

Tu trouvais ton papa et ta soeur très bien mais moi pas, tu disais que je prenais trop de place sur le canapé et tu es allé t'asseoir avec nanay.

Ensuite j'ai posé les questions que j'avais préparé, mais on me donnait très peu d'indication sur ta vie, que tu aimais le lait et le riz, les pâtes, les glaces, que tu étais sous antibiotiques et que tu toussais beaucoup, que tu aimais tous les jouets. Nanay nous a dit que lorsque tu avais reçu les photos tu étais content d'avoir des parents et une soeur.

J'ai à mon tour sortit des cadeaux, d'abord pour toi, un camion de pompier et une voiture.

Pour Nanay un calendrier de la ville de Paris, et de l'eau miraculeuse de Lourdes, sans savoir que c'était la sainte qu'elle vénérait.

Pour tes soeurs également un flacon d'eau de Lourdes et des miroirs de poche avec la tour Eiffel dessus.

Ensuite nous avons un peu discuté, on nous a dit que tu étais un petit garçon très énergique et qu'il fallait souvent te dire nokulit, ce qui veut dire calmes toi ! 

Le temps de partir est venu, j'ai tout de suite vu les larmes dans les yeux de ta nanay et mes yeux se sont tout de suite remplis également. Tu t'es levé, très courageux et tu es allé embrasser ta famille pour leur dire adieu. Tes soeurs avaient aussi les larmes aux yeux et ton tatay t'a pris dans les bras et je pense t'a demandé d'être un bon garçon avec ta famille, on sentait à sa voix qu'il te donnait les dernières consignes avec tout l'amour d'un papa.

Cela a été un moment très émouvant, cette famille t'aimait beaucoup et ils ont été si dignes dans ton accompagnement. J'ai fait la promesse à Nanay d'être une bonne mère pour toi et j'ai vu dans ses yeux qu'elle me faisait confiance.

Nous sommes remontés dans notre camionnette, tu ne pleurais pas, tu les as embrassé une dernière fois et la porte s'est refermée.

Tu étais assis à côté de moi et très vite tu as commencé à jouer Nanette te parlait beaucoup, miss A également.

J'ai sortit la bouteille de savon pour faire des bulles et tu es allé t'installer près de ton papa. Tu riais, tu faisais le pitre, tu voulais aussi que l'on fasse des grimaces, tu as découvert l'appareil photo et tu ne le quittais plus.

Le voyage était long et tu as joué tout le long. Nous n'en revenions pas de ta capacité à quitter définitivement des gens que tu aimais et à pouvoir être si bien avec nous.

La suite, bientôt....